Posté 08 février 2005 - 13:56
CAMP DES LOGES, hier matin, 11 heures. Bruno Baronchelli, entraîneur
adjoint du PSG, dirige la traditionnelle causerie de lendemain de match,
puis la séance d'entraînement. Non, Vahid Halilhodzic n'est pas encore
parti, malgré la défaite concédée dimanche soir contre Lens (2-0) et la
place de 12 e en Ligue 1, sept points seulement devant le premier relégable.
L'entraîneur franco-bosniaque s'était excusé dès l'issue de la rencontre :
« Je ne fuis pas, j'ai un rendez-vous prévu de longue date, je ne serai pas
là pour le décrassage. » Autour du centre d'entraînement, quelques dizaines
de supporters manifestent leur mécontentement, cherchent micros et caméras
pour hurler leur ras-le-bol et réclament le départ d'Halilhodzic. Jérôme
Rothen n'est pas là pour assister à la scène. Convalescent suite à son
opération de la cheville, le milieu de terrain gaucher est venu effectuer
sa séance spécifique à l'aube. Idéalement, l'ancien Monégasque aurait voulu
retrouver l'équipe première contre Toulouse (0-0), le 15 janvier, mais une
vive douleur l'en a empêché. Halilhodzic lui a ordonné de jouer, le joueur
a refusé et s'est plaint à Francis Graille. L'incident a marqué les
esprits. C'est le premier signe de rébellion affichée face à l'autorité du
manager sportif parisien. Un deuxième épisode marquant vient confirmer le
vent de fronde qui souffle sur le camp des Loges.
« Ce n'est plus possible avec lui, il faut qu'il parte »
Halilhodzic souhaitait partir en stage dès demain, sur proposition de son
président, afin de préparer le 16 e de finale de Coupe de France de
dimanche contre Bordeaux. Consultés, les joueurs cadres ont refusé et fait
savoir qu'ils n'avaient pas envie, non plus, d'avancer la mise au vert du
samedi au vendredi. Si ce dernier point pourra encore être négocié demain
avec l'entraîneur en chef, l'affront est bien là.
« Il y en a marre de partir au vert pour un oui ou pour un non », peste
l'un des seize joueurs retenus contre Lens qui, comme ses partenaires,
souhaite rester anonyme. « On fait toujours la même chose ! poursuit-il. Si
on veut relever la tête, il faut du changement, et vite ! » Prolongeant une
discussion amorcée dimanche soir dans les vestiaires du Parc, plusieurs
joueurs ont débattu hier matin après l'entraînement. « Ce n'est plus
possible avec lui, il faut qu'il parte », assène l'un des protagonistes au
sortir de cette réunion. « On n'y arrive pas, on n'a pas de solution », se
désole l'un de ses équipiers. « C'est saoulant, on n'en peut plus »,
renchérit un troisième.
Les joueurs parisiens sont lassés et n'ont pas du tout apprécié les
interviews de leur coach en fin de semaine passée dans lesquelles il les
critiquait sans jamais se remettre en question. Perdus sur le terrain, ils
ne semblent pas mieux organisés une fois les crampons rangés. Pourquoi
n'ont-ils pas fait part de leurs états d'âmes à Francis Graille, jeudi
dernier, lors de leur rencontre ? Aujourd'hui, seule une action concertée
des joueurs semble pouvoir convaincre le président parisien de trancher.
Interrogé sur le sujet, le gardien Lionel Letizi reste évasif : « Si le
président me demande mon avis sur l'entraîneur, je le lui donnerai, mais ça
restera entre nous. Nous n'avons pas à en débattre sur la place publique. »
En privé, d'autres joueurs, remplaçants ou passés par l'équipe réserve le
temps d'une rééducation, vantent l'ambiance des séances dirigées par
Laurent Fournier, pressenti pour succéder à Halilhodzic si ce dernier était
remercié avant la fin de saison. Le malaise est si profond qu'une
interrogation a vu le jour depuis dimanche soir. Faut-il jouer la victoire
en Coupe de France contre Bordeaux, au risque de sauver Halilhodzic ? Ou
saborder la rencontre pour sceller le sort de l'entraîneur, quitte à
anéantir la dernière chance de qualification européenne ? A ce stade de la
réflexion, il devient urgent d'agir.
Matthieu Le Chevallier et Arnaud Hermant
Le Parisien , mardi 08 février 2005