Ce qui est bon dans la vidéo france allemagne, c'est de revoir les images avec les commentaires.
Kaltz, Breitner, Rummenigge, Hrubesch, Littbarski, Schumacher, Stielike, ça parle à certains figurez vous. Toute une époque de notre jeunesse. PàL comme d'autres ici dont je fais partie avons toujours une nostalgie à évoquer cette période, elle nous a bercés, a fait de nous des supporters du fc.
Lors de cette coupe du monde, nous vivions les exploits de Chouky avec une pointe d'amertume. Celui qui n'était pas encore le Nez venait de signer à Sainté pour remplacer le pas encore prétentieux Platini. Et chaque coup franc marqué nous faisait plaisir. L'émir du Kowait, tout ça quoi.
Alors comprenez que ça nous plaise.
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Et tiens je vais même faire un peu plus que plussoyer !
Ce que les jeunes (enfin les moins vieux, enfin ceux qui ont moins de 35 ans dirons-nous

) ne peuvent surtout pas comprendre c'est la dimension sportive, historique et sociale de Séville, qui restera de mon humble avis le plus grand match de toute l'histoire du foot français.
Parce que Nico, moi ou les autres anciens, on vous parle, bande de jeunots, d'une époque où le seul fait d'arme des bleus c'était une 3ème place totalement inattendue à la coupe du monde de 58 (que nos parents n'avaient même pas pu nous raconter puisque ne disposant pas de télé à ce moment là, autant dire que 58 ça représentait pour nous la préhistoire, le muet, charlot quoi !)
On vous parle d'une époque où et ce, depuis des décennies, nos petits français se faisaient systématiquement humiliés en compétition par l'ogre teuton et son rouleau compresseur (le show de Rubesch lors de la déroute de novembre 80, 4-1 pour les teutons si je ne m'abuse, était encore gravé dans toutes les mémoires).
On vous parle d'une époque où seuls les matchs européens des clubs français (et encore, pas tous puisque tout le monde jouait le mercredi), les matchs des bleus, la coupe du monde et la finale de la coupe de France étaient retransmis à la télé; d'une époque où pour espérer voir deux minutes de foot étranger, entrevoir les exploits des Rumenigge, Dalglish, Keegan, et autres Rubesch, les stars d'alors (noter qu'il n'y avait même pas encore Platini, toujours vert), il ne fallait surtout pas rater la séquence "ces buts venus d'ailleurs" du stade 2 de Chapatte (pas encore totalement gâteux) et sa bande (Couderc, Salviac, Père, Olivier Rey etc.), sinon on avait plus qu'à aller se coucher en les imaginant.
On vous parle d'une époque où ne serait-ce qu'imaginer un français soulever un trophée international relevait de la science fiction.
On vous parle d'une époque où l'état de grace du 10 mai 81 était enterré sous les dévaluations, où le peuple français venait de voir ses espoirs de lendemain qui chante s'envoler avec l'inflation.
On vous parle d'une époque où les récits de la guerre alimentait encore les repas de famille, où une hypothétique revanche sur terrain vert de l'humiliation vécue par nos parents ou grands-parents 40 ans plus tôt eût représenté bien au delà d'une simple victoire sportive.
Alors quand la France du foot a assisté, médusée, au 3ème but d'une équipe irrésistible, au panache aussi rafraichissant qu'inattendu, emmené par le 1er carré magique de son histoire (Tchouki avant Fernandez), c'est tout cela qu'elle avait en tête, symbolisé par le visage transfiguré de bonheur d'un Gigi, en plein rève orgasmique, courant comme un dératé pour fêter son but (lui même n'y croyait pas, alors nous, imaginez !)
Et ces quelques minutes de bonheur total, celles qui précèdèrent le début de la remontée teutonne, furent pour moi et pour beaucoup d'autres, bien plus fortes que toutes celles qui suivirent (en 84, 86, 98 ou 2000). De même que la déception finale, à la mesure de ces instants extatiques, fut autrement plus dure à vivre que la 93ème minute du France-Bulgarie de 93.
Alors certes, peut-être que du haut de mes même pas 12 ans de l'époque, j'amplifiais le ressenti, mais sincèrement et je parle probablement au nom de toute ma classe d'âge, ce match restera le plus grand souvenir de sport de ma vie, pas le meilleur, mais le plus fort. Et accessoirement, il m'aura permis d'obtenir un 18/20 en rédaction deux ans plus tard et de voir ma prose lue par mon prof de français à tous ses collègues en salle des profs ! Que voulez vous, ce sont toujours les grandes tragédies qui inspirent !
Et puis merde, si vous ne comprenez toujours pas ce qu'on a vécu ce soir là, imaginez vous dans 30 ans tentant de faire comprendre à vos enfants blasés par la 5ème victoire consécutive du FCSM en coupe de France, ce que vous avez ressenti le 12 mai 2007 ! C'est bon, ça vous parle un peu plus ?
A inscrire sur ma pierre tombale: Supporter du FCSM et keuf, ci-git PauL, l'homme qui aimait les sacerdoces...