Posté 25 janvier 2007 - 19:16
J'ai choppé çà je ne sais plus où.
C'est intéressant.
Trop fainéant pour faire la remise en forme.
Pierre Martini - lundi 22 janvier 2007
> "L'affaire Piquionne" éclaire les mours du football actuel et met en scène
> un joli casting de pieds nickelés et d'argousins. Elle démontre surtout
> toute l'absurdité du mercato d'hiver.
>
> En dépit des efforts de la presse spécialisée, à l'orée du mercato, pour
> faire croire que celui-ci va être extraordinairement animé - exploitant
> ainsi un de ses principaux filons (le très virtuel marché des
transferts) -
> il n'y a plus que les naïfs et les rêveurs pour penser qu'en dehors de
> quelques ajustements cosmétiques et de deux ou trois mouvements notables,
la
> période va être agitée et produire des bouleversement dans les effectifs.
La
> période est surtout propice aux habituels fantasmes des supporters. C'est
> d'ailleurs dans la catégorie "fantasmagories" qu'il faut classer deux des
> "infos" les plus abondamment traitées en ces mois de janvier et février:
les
> annonces de l'arrivée de Laurent Blanc comme entraîneur de Nantes et de
> Yannick Noah comme griot du Paris SG.
>
> Foire aux bestiaux
>
> On note également que les deux arrivées les plus remarquables sont pour le
> moment celles de joueurs libres: Barthez et Gallardo. Telle devrait
> d'ailleurs être la vocation de ce "marché d'hiver": permettre à des
joueurs
> dont le contrat est échu, au chômage ou écartés par leurs entraîneurs de
> retrouver un club. En dehors de ces critères assez stricts, et dans le
cadre
> de la limitation des mouvements à un par saison et par joueur, le mercato
de
> janvier ne devrait pas avoir lieu d'être. C'était d'ailleurs ainsi que
> l'avait pensé la FIFA quand elle avait mené une longue réflexion sur la
> réforme du système des transferts... avant de céder à la libéralisation,
> renonçant à favoriser un regain de stabilité.
> Il s'agirait pourtant de placer les clubs et les joueurs devant la
> responsabilité de leurs propres choix: s'ils se sont trompés, qu'il en
> prennent leur parti et attendent l'été pour rectifier le tir - cette fois
> en tâchant de mieux y réfléchir. Cela ne ferait que les inciter à peser
> leurs décisions et les risques afférents, avec une réduction probable du
> nombre de mouvements.
>
> Alors, faute d'une actualité réellement trépidante, que reste-t-il au
> mercato? On a la réponse avec "l'affaire Piquionne": des polémiques, des
> manouvres et des psychodrames... Le cas est exemplaire. Avant la trêve, on
a
> là un joueur qui réussit une excellente saison, confirmant le redressement
> de sa carrière depuis son arrivée dans le Forez (voir Piquionne and only),
> dont le contrat court jusqu'en 2009 et qui évolue dans une équipe en
pleine
> bourre qui flirte avec le podium. Comparez avec la situation actuelle.
>
> Poker menteur
>
> Le feuilleton n'est flatteur pour aucun des parties concernées. D'abord
pour
> l'OL et sa politique, qui semble viser autant la déstabilisation de ses
> adversaires que le renforcement de sa propre équipe. De Chamakh à Pauleta,
> les intentions des dirigeants ont souvent été troubles - sauf lorsque
> Jean-Michel Aulas, en (mauvais) joueur de poker, excessivement vantard,
> avoua avoir réussi son coup en affaiblissant le PSG quand celui-ci avait
dû
> quasiment doubler les émoluments du buteur portugais. En l'espèce, on
peine
> même à débrouiller les intentions réelles des différents décideurs
> olympiens: entre un Gérard Houllier qui excelle dans le brouillage de
piste
> mais fait de Piquionne sa priorité, un Bernard Lacombe qui déclare ne pas
> être intéressé par le joueur et un Jean-Michel Aulas qui fait une offre
> manifestement insuffisante, le club a-t-il vraiment la volonté d'attirer à
> Tola-Vologe l'attaquant stéphanois?
>
> La présidence bicéphale de l'AS Saint-Étienne a, pour sa part, fait une
> nouvelle fois la preuve de ses atermoiements et de son étonnante capacité
à
> laisser dégénérer des situations pourtant maîtrisables. Une communication
> ambiguë - voire une absence de communication auprès du principal
intéressé -
> a précédé un roulement de mécaniques assez pathétique à l'attention du
rival
> lyonnais, et à des propos qui ont achevé de braquer leur salarié. Voilà
> notre duo Caïazzo-Romeyer joliment empêtré, contraint de grandiloquer en
> invoquant le peuple vert et en prenant toutes les apparences de la
fermeté,
> masquant mal sa tentation de réaliser une bonne affaire.
>
> Les états d'âme du joueur
>
> Quant au joueur lui-même... Tout le monde lui accorde d'être légitimement
> tenté par une offre lyonnaise qui le ferait - du moins s'il trouve sa
place
> au sein de ce riche effectif - changer de dimension sportive à vingt-huit
> ans (en doublant ses 80.000 euros mensuels). Mais les incohérences de son
> propre discours transparaissent, tout comme son opportunisme, s'agissant
de
> trouver le prétexte pour aller au clash définitif et officialiser le
rituel
> "bras de fer" en se plaignant d'être "traité comme un esclave", ou en
> évoquant un dégoût tel qu'il envisage d'arrêter le football.
>
> On est encore une fois frappé de l'ignorance, réelle ou affectée, des
> footballeurs quant aux aspects symboliques ou sentimentaux qu'accordent
> encore les supporters à l'appartenance à un club particulier. En
> l'occurrence, l'attaquant fait mine d'ignorer complètement le contexte
> particulier qui régit les relations entre Saint-Étienne et Lyon (1)... À
> moins qu'il y ait une part de calcul dans cette démarche, en ne prenant
pas
> la moindre précaution pour évoquer un départ vers le rival régional,
> Piquionne a probablement achevé de se griller à Saint-Étienne en
> franchissant un point de non-retour. Il entend peut-être forcer ainsi la
> main de ses dirigeants. Mais pour peu que les Lyonnais trouvent leur
bonheur
> ailleurs, ils auront réussi l'exploit de délester l'ASSE d'un de ses
> meilleurs atouts, sans même avoir à le débaucher. Et ceci, aussi bien si
> l'ex-Rennais est vendu à un autre club que s'il reste à Saint-Étienne.
Mais
> soyons sûrs qu'en bons cyniques, les deux partis sauront interrompre la
> comédie pour s'entendre, finalement.
>
> Clubs et joueurs ont-ils encore des intérêts communs?
>
> Reprenons. Sans le mercato, toute cette affaire n'aurait pas eu lieu
d'être.
> Ni le joueur, ni les dirigeants concernés n'auraient eu à envisager le
> départ d'un joueur en plein milieu d'une saison. Parce que cette hypothèse
> est toute simplement absurde, tout comme le règlement qui la rend
> possible... À l'arrivée, on a un professionnel qui compromet sa saison et
> celle de son club, entretient son image de "joueur à problèmes" et distend
> un peu plus le lien entre les footballeurs et les supporters en
entretenant
> le stéréotype du mercenaire.
>
> Piquionne affirmait récemment que si l'ASSE l'avait aidé à progresser (2),
> celle-ci lui était également redevable. C'est très exactement cette
logique
> de progression commune, de don réciproque et d'intérêts partagés que
> désintègrent les pratiques de ce genre. À qui profite la dérive? Aux
agents
> et autres intermédiaires, aux clubs débaucheurs - forcément les plus
> puissants sur le plan financier -, aux joueurs s'ils surmontent les
> turbulences sans se contenter de faire la culbute sur leur fiche de paie,
et
> accessoirement aux médias spécialisés qui vont faire leur beurre de cette
> actualité extra-sportive. On sait justement que la compétition est devenue
> presque autant économique que sportive. Raison de plus pour la réguler.
« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait » @ Mark Twain