Karim, le FCSM est dans le top 5 après douze journées. Est-ce la place que vous vouliez à ce moment de la saison ?
Je n’ai pas envie d’utiliser le mot « content ». Mais avec tout ce qui nous est arrivé depuis le début de la saison, se retrouver là est un moindre mal. On a quand même aligné douze compositions différentes, on a dû s’adapter à des joueurs qui voulaient partir pendant l’été, et on a compris l’attente dans la région dès la deuxième journée. Par contre, on n’a encore rien fait. Il nous reste vingt matchs et on va devoir batailler ferme.
Entendez-vous que ce top 5 n’est pas suffisant pour beaucoup de gens ?
On est Sochaux, on ne peut pas se contenter d’être dans le top 5. Beaucoup d’équipes veulent monter et nous, en étant Sochaux, il faut qu’on soit dans les trois premiers, et si possible dans les deux. Mais une montée, cela se construit. Ce n’est pas petit bras que de rappeler que les dernières équipes qui sont montées, comme le Red Star, Martigues ou Concarneau, avaient échoué au pied du podium la saison d’avant. Or ici, on a une grosse ossature du onze n’était pas là la saison dernière.
Avez-vous douté ? Notamment après Nîmes (1-1).
Non, pas après Nîmes, parce que dans les valeurs d’engagement, d’envie, d’agressivité, on était tombés tellement bas que cela ne pouvait être qu’un accident. Peut-être que la préparation du match n’avait pas été bonne, parce que cela ne peut pas toujours être la faute des joueurs. Après ce match, je me suis dit qu’on ne pourrait pas faire pire. Mais je connais la force de ce groupe. On a peu de marge de manœuvre, comme tout le monde en National, mais on travaille dur.
Depuis mon arrivée, je me suis remis en question. Je pense que j’ai mal pris en compte certaines choses dans le contexte général. Avec mon profil et mon parcours, je savais que j’allais prendre la pression, mais je ne m’attendais pas à ce que le groupe soit exposé si vite. Je sais que je suis à Sochaux parce que le club est en National. Et dans le vestiaire, j’ai eu l’impression à mon arrivée que, pour certains, c’était une normalité d’être ici, dans un club aussi historique. Et je n’ai pas eu le bon remède immédiat. J’ai essayé de saupoudrer, d’arrondir les angles… Je suis redevenu moi-même, avec beaucoup de conviction, de droiture.
On vous reproche de ne pas célébrer les victoires avec les supporters. Pourquoi ?
Certains prennent cela pour de l’arrogance, mais je suis tout sauf arrogant. Après le premier match, j’ai applaudi des deux côtés. Ce public est fantastique, même quand on était moins bien, ils nous ont poussé de la première à la dernière seconde. Je me dis qu’il faut qu’on arrive à inverser la situation, mais pas sur un match. Donc je ne veux pas me pavaner après un ou deux succès. Je préfère me réfugier dans le travail, comme je l’ai fait pendant un mois et demi, sans rentrer chez moi à Lyon. Pour moi, ce partage se fait davantage entre les joueurs et les supporters.
Certains supporters viennent me parler après les entraînements, je ne snobe personne. J’ai d’ailleurs été très touché par les témoignages reçus après l’incident à Avallon, notamment de la part de la TNS. Vraiment, il y a zéro arrogance de ma part. Je sais juste que l’équilibre est fragile. Je sais pourquoi je suis là. Alors quand on sera à dix, douze victoires, j’irai avec plaisir. Mais là, on n’a rien fait.
Pensez-vous souffrir encore d’un procès en légitimité du fait de votre parcours atypique ?
Non, non… Quand je suis monté en National, j’ai été nommé deux fois parmi les trois meilleurs entraîneurs du championnat et j’ai rapidement eu des touches en Ligue 2. Mais cela ne s’est pas fait car je n’avais pas le diplôme. Très vite, j’ai donc compris que si je voulais connaitre la L2, j’allais devoir monter avec mon équipe. La légitimité vient des résultats. J’ai acquis un certain réseau dans le monde du foot, dans le milieu des entraîneurs. Après, pour le grand public, c’est autre chose. Quand Sochaux cherche un entraîneur et me choisit après un entretien, c’est qu’ils y croient ! Moi, je ne me fixe pas de limite. J’ai commencé à entraîner en District et j’en garde beaucoup d’humilité. Je prends du plaisir à être ici au quotidien, à bosser de 8 h à 20 h, à être sur le terrain... Et je me dis que je vais bien finir par y arriver (sourire) !