Stade de Fenerbahce, novembre 2003
Incroyable. La Fédération turque, que décidément rien n’arrête, ne trouve rien de mieux que de traiter Sepp Blatter de « supporter de l’équipe suisse » et d’affirmer en faisant référence à l’hymne national turc sifflé par certains spectateurs lors du match aller que « les incidents ont débuté en Suisse ».
Et si nous repartions deux ans en arrière, toujours au stade Sükrü-Saracoglu de Fenerbahce?
Hymne national sifflé
« Ich empfinde es als ungemein respektlos, wenn vor dem Spiel bei unserer Nationalhymne gepfiffen wird. Dabei sollte man bedenken, dass wir in Deutschland zwei Millionen Menschen aus der Türkei Arbeit geben. Da kann man doch verlangen, dass die Leute im Stadion sich in Ruhe die Hymne anhören. »
En français: « Je trouve cela particulièrement irrespectueux que notre hymne national soit sifflé avant la partie. On ne devrait pas oublier qu’en Allemagne nous offrons un travail à deux millions de Turcs. Dans ces conditions, ça n’est pas trop demander que d’exiger que les gens dans le stade restent tranquilles pendant l’hymne. »
C’est Uli Stielike, coach de l’équipe allemande des moins de 21 ans qui s’exprimait ainsi à l’issue du match Turquie – Allemagne s’étant déroulé au stade de Fenerbahce le 18 novembre 2003. Ses propos ont notamment été repris par le Hamburger Abendblatt. Le sélectionneur turc avait alors répondu que Stielike devrait s’en tenir au football et ne pas y mêler la politique.
Tiens! si des spectateurs adverses sifflent l’hymne turc, c’est un crime majeur suffisant à justifier les pires débordements ultérieurs. On constate pourtant ici que cela arrive aussi aux Turcs siffler les hymnes étrangers. Quelle cohérence!
Joueurs agressés par le service de sécurité, la police et d’autres joueurs
Tout comme contre la Suisse mercredi, le fait de siffler l’hymne national de l’adversaire n’était qu’un début bien inoffensif en regard de ce qui allait suivre.
Le match comptait pour la qualification au Championnat d’Europe M21. Les Turcs avaient perdu le match aller 0 – 1 et menaient 1 - 0 à Istanbul, pensant s’acheminer vers des prolongations. Malheureusement, les Allemands égalisèrent dans les tous derniers instants du match. C’en était fini des rêves de Championnat d’Europe pour les juniors Turcs. Alors que les 48′000 spectateurs ne faisaient plus un bruit, les remplaçants turcs ont envahi le terrain pour s’en prendre aux Allemands qui fêtaient leur but. Les téléphones portables, bouteilles en plastique et pièces de monnaie se mirent à voler.
Un policier a fait tomber Auer, le buteur allemand. L’arbitre a dû se faire poser deux points de suture à la tête par le médecin de l’équipe allemande. Un autre joueur allemand a été frappé à la tête avec un talkie-walkie par un membre du service d’ordre.
Uli Stielike était encore choqué une demi-heure plus tard, se demandant s’il se trouvait dans une situation de guerre et expliquant qu’il avait des joueurs en sang dans son vestiaire. Auteur du but du turc, le même Hamit Altintop qui a regretté les forfaits de mercredi contre les Suisses avait dit alors « S’il y a vraiment des policiers qui ont commis des abus, c’est triste pour le peuple turc ».
Les sanctions
La commission de contrôle et de discipline de l’UEFA a condamné la sélection turque des moins de 21 ans à disputer ses deux premiers matchs de qualification pour le Championnat d’Europe suivant à huis clos. La Fédération Turque à de plus écopé d’une amende de 32′000 euros. Deux joueurs ont été punis de 5 et 4 matchs de suspension.
La Fédération Turque à encore écopé de 18′000 euros d’amende pour le comportement exagérément agressif de joueurs et d’officiels à Riga en Lettonie lors du match de barrage aller pour l’Euro ‘04 perdu 0 – 1. Le 2 – 2 concédé au match retour avait entraîné la non-qualification.
Une conclusion s’impose: les sanctions du type matchs à huis clos ne suffisent pas à motiver les organisateurs turcs à éviter que des joueurs étrangers ne se fassent tabasser, puisque deux ans plus tard se sont reproduits les même événements - en plus grave, aucun Allemand n’avait été hospitalisé - dans le même stade