Il y a des fois où je me dis que les gens feraient mieux de se considérer comme des individus plutôt qu'éléments d'une société (ou d'une nation). Se concentrer sur ce qu'ils font, pensent et disent, plutôt que se défausser sur une identité ou l'appartenance à une communauté. En somme, assumer individuellement ses actes en n'accordant qu'une importance relative à ce dont on n'est pour rien.
Ce que m'évoque ce énième débat, c'est qu'il est aussi absurde de se sentir fier d'être Français (ou autre) que de se sentir coupable des exactions lors de la guerre d'Algérie.
si tu veux, c'est un point de vue. Je ne le partage pas complètement ; non pas que je sacralise la communauté (bien que je ne pense pas qu'on puisse simplement définir l'Homme comme un individu), mais j'ai quand même un certain respect pour elle. Sans doute parce que moi-même issu de l'immigration et confronté au regard des gens, je conçois qu'il est important de se sentir représentant d'une communauté d'une part, et d'autre part qu'elle peut constituer un appui important face à la solitude et au déracinement. Qu'un membre de la "communauté" se comporte de manière condamnable et c'est toute la communauté qui en sortira salie. On nous le fait assez sentir, ça c'est une réalité, je ne dis pas que c'est bien ou mal. Ce double respect, ce sentiment de responsabilité qui doit prévaloir dans notre attitude peut bien s'accompagner d'un certain sentiment de "fierté"(je ne trouve pas dans l'immédiat de mot plus adapté), non pas une fierté malsaine mais favorable à la constitution et à la préservation d'une certaine identité, une fierté en somme à l'égard de ce qui nous constitue. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre ?
Certes !
Bon je rebondis juste sur ton "il faut assumer l'histoire de son pays car la citoyenneté impose qu'on en épouse toutes les querelles". Déja, à la place des Allemands d'aujourd'hui, ça me ferait chier... Et qu'est-ce que tu appelles assumer ? Ne pas renier, ok, bon début... Mais faut-il qu'on culpabilise pour les méfaits, et qu'on bombe le torse en pensant à nos quelques pages glorieuses ?
Je ne crois pas. Chacun doit se cultiver sur l'histoire de son propre "peuple", devoir de mémoire oblige. Mais se sentir personnellement impliqué, ça, non.
je cite aussi ça pour expliciter encore un peu plus mon point de vue ; je me sens impliqué, mais je me méfie de la notion de "devoir de mémoire". Je préfère intégrer par moi-même mon histoire et celle de mes origines.
Je me trouve dans une situation paradoxale. Je suis d'accord avec Boris et en désaccord avec Clyde et El Merengue sur le fait qu'il faut assumer l'histoire de son pays car la citoyenneté impose qu'on en épouse toutes les querelles.
t'inquiètes, c'est jamais qu'une discussion, il est possible d'avoir des positions personnelles et nuancées !!!
C'est ce à quoi je m'efforce.
Mais je suis en total désaccord avec Boris sur le fait qu'il faille s'excuser auprès de l'Algérie afin de ratifier une traité d'amitié.
Attention ; je distingue le fait d'admettre publiquement les erreurs de la France de ce traité d'amitié ; ce que ne fait pas Bouteflika, c'est bien dommage ; mais je ne suis pas son représentant !
Si, gagnant cette guerre, elle a cru bon de donner aux algériens la maîtrise de son destin, c'est qu'elle pensait que la colonisation n'était pas la meilleure des choses. Pour moi, la grande erreur politique fût de ne point la donner en 1945. C'était le moment. J'accepte même qu'on le dise solennellement un jour aux Algériens.
on se rejoint à peu près ; sur ces questions là, ça va toujours mieux en le disant solennellement.
PS : la responsabilité c'est une notion qui est bien plus pertinente en démocratie que dans tout autre type de régime. D'autre part, je pense qu'on peut distinguer les évènements appartenant à l'Histoire "lointaine" de ceux qui sont du domaine de l'Histoire du temps présent.
@Bulle : merci, toi au moins, tu me comprends !!!